lundi 10 février 2020

De Grande Mitsio ... à Nosy Komba


Mercredi 22 et jeudi 23.

Nous avons « dansé » toute la nuit au gré des vagues et du vent !

Vers 11 heures, nous rejoignons la plage,
l’annexe saute dans les vagues,
heureusement, il y a un endroit plus calme,
où l’on peut débarquer,
et où les vagues ne déferlent pas trop …

Nous «montons » dans la colline,
au seul endroit où l’on peut capter Internet,
(notre « cabine téléphonique »)


vue depuis la " cabine" ( archives blog)


pour prendre un bulletin météo, et recevoir nos mails :
Laurent nous apprend que dans le Roussillon,
la tempête Gloria commence à faire des siennes,
tandis que de notre côté,
nous apprenons que ce que nous subissons ici,
n’est autre qu’une grosse perturbation qui traverse
Mada d’ouest en est,
pour se diriger vers la Réunion…
Et dont nous subissons l’influence et les conséquences !

Après un délicieux déjeuner cabri- riz- bananes coco,


Préparation du cabri par Achraf

nous regardons vers Filopré toujours secoué
comme une coquille de noix,


j’avoue que j’ai presque envie de rester  à terre,
et louer un bungalow
sur la plage pour passer la nuit …   

Mais bon, nous rentrons quand même avec l’annexe,
qui se déchaîne dans les déferlantes,
équipée sauvage, et nous arrivons trempés comme des soupes,
au bateau !  
Trouvant qu’il est trop compliqué de remonter l’annexe
sur les bossoirs tellement ça secoue de toute part,
Jany va lui allonger son amarre
et la laisser attachée derrière Filopré …
L’avenir, le lendemain matin nous apprendra
que ce n’était pas forcément
la bonne solution … ! 

A mon lever, je jette un œil :
le moteur de  l’annexe a disparu,
ainsi qu’une rame qui était pourtant attachée
sur les boudins… !

Il  y a tellement eu de vent, de vagues et de grains cette nuit,
qu’on n’imagine pas que quelqu’un ait pu venir jusqu’à elle,
pour voler le moteur,
mais plutôt qu’à force d’être secoué,
le moteur s’est desserré et est tombé à l’eau ???

De plus, il faut vite sécuriser Filopré,
car nous avons ripé sur l’ancre, et reculé vers la plage !
Il faut mouiller une 2ème ancre, au bout d’un « bout » plombé !
Sinon, on va se retrouver au sec,
et là, autre gros problème !!!
A marée basse, nous avons seulement
 1,60 mètre de profondeur !
Jany s’active … 2ème ancre plantée !

Vu les conditions : mer grosse, et toujours du beaucoup vent,
nous sommes coincés sur Filopré ; il y a également de violents grains.
Nous sommes à court de pain, je me mets à en fabriquer,
il y a longtemps que cela ne m’est pas arrivé ; cela passe le temps …

Vendredi

C’est un peu plus calme, mais pas suffisamment
pour rechercher le moteur,
l’eau dans la baie est marron, aucune chance d’y voir
quelque chose même à si peu de profondeur !

Hachraf vient à bord de sa pirogue nous apporter gentiment
bananes,mangues vertes, noix de coco.
Nous avions prévu un poulet à rôtir sur la plage, mais il pleut toujours !
Alors, lecture, confection de crêpes …

Hachraf connait un mécanicien diéséliste,
qui devrait venir demain pour réparer le moteur de Filopré ! 
Croisons les doigts, pour que le temps s’améliore,
comme prévu par la météo, et par mes météorologues de sœurs,
qui par « Whatsapp » nous renseignent sur les conditions climatiques !

Samedi

Oui nous avons passé une fort bonne nuit !
Tout s’est calmé !
L’eau est plus claire, mais priorité au mécanicien
qui vient à bord, pour trouver la panne !
Pendant ce temps, Hachraf à bord de sa pirogue,
essaie de localiser le moteur de l’annexe,
peine perdue !

Celui de Filopré fonctionne de nouveau
après deux heures d’intervention,
il faut faire aussi le nettoyage de cales,
ca pue le gas-oil, et c’est la m… au fond des cales !

Pas de possibilité de recherches dans l’après-midi,
 marée plus haute,
moins bonne visibilité, il faut encore remettre ça,
sachant que demain, il doit pleuvoir de nouveau ?!

Dans l’après midi, un catamaran entre dans la baie et vient s’ancrer.
Des touristes …On sent que le beau temps revient !
Puis, un très élégant monocoque 2 mâts, vieux gréement,
passe tout près de nous et le skipper nous lance «  Salut, ça va ? » 
Quelle surprise ! C’est Karim, notre voisin de Nosy Komba,
qui parti de France le 17 octobre, devait ramener son bateau à Nosy Komba.
Avec son amie Karine, qui a laissé son voilier en Malaisie,
ils sont passés par le canal de Suez, la Mer Rouge, et après quelques  escales,
arrivent tout juste aux Mitsio, pour le premier stop à Mada !

Karim vient à bord, et nous raconte que le voyage
s’est bien passé, les seules contraintes étant l’obligation
de prendre un « agent »
dans les ports où il s’est arrêté,
et de « casquer… » Évidemment.
Sinon, pas de mauvaise rencontre …  
Très heureux pour eux que ce se soit bien passé.

Ils repartent pour Nosy Komba demain matin à l’aube !

Dimanche

Nuit et matinée pluvieuses ;
Hachraf et 2 plongeurs viennent à marée basse
pour rechercher le moteur,
mais l’eau est de nouveau marron,
impossible de voir au fond ;
dans sa paillotte sur la plage, il nous prépare un poulet
pour déjeuner ;
nous y allons a la rame, l’annexe accrochée à sa pirogue ;
les plongeurs sont là, le déjeuner se passe presque
exclusivement en langue malgache ;
ils ne parlent pratiquement pas français ;
c est nous qui ne comprenons pas tout,
mais l’ambiance est décontractée ;
retour au bateau en pagayant avec 2 rames, dur sans moteur !  
On croise les doigts pour qu’il fasse beau demain !


Calme revenu mais eau marron et ciel gris  ! Filopré seul au mouillage
    


Lundi 27 janvier

Matinée calme et ensoleillée ; les recherches reprennent,
au bout d’une ½ heure environ,
cri de triomphe d’Hachraf …
Il vient de localiser le moteur,
qui n’est pas très loin de Filopré !
Yessss !

Maintenant, il s’agit de le nettoyer,
dessaler, dégripper, lubrifier, etc…
Ce qui doit se  faire dans l’après midi,
Jany offre un cabri pour déjeuner en  remerciement
à tous les plongeurs et le mécanicien.

 Je suis restée sur Filopré car un peu malade
la nuit dernière et cette journée. 
Le soir tombe et Jany n’est toujours pas revenu…
7h, 8h, 9h ?
 Je pense que la réparation n’est peut-être pas terminée,
et qu’il va rester à terre, jusqu’au lendemain ?

Nous n’avons pas la possibilité de communiquer par téléphone,
puisque pas de réseau !
Un peu préoccupée de rester seule à bord,
car le vent monte, la pluie s’y met, les vagues aussi !

Je m’assoupis dans le carré,
quand soudain, j’entends une voix,
c’est Jany qui vient d’arriver à la rame avec l’annexe !
Malheureusement, La mer est très agitée,  
il a juste le temps de me jeter le sac à dos, et plouf !
Tombe à l’eau, alors que l’annexe,
pas encore attachée au bateau, recule…
Il veut la rattraper et se met à nager, mais le vent est fort,
et il lui faut un moment pour pouvoir l’atteindre…
Il me crie qu’il l’a récupérée ! 
  
Tout cela dans l’obscurité…

J’ai une torche allumée pour l’éclairer,
mais je vois avec angoisse que le vent est tel,
que l’annexe sur laquelle il n’a pas pu encore remonter,
continue à se barrer, heureusement, vers la plage !

Au bout d’un moment, je ne vois plus rien,
l’appelle, mais pas de réponse…

Logiquement, si pas de problème, il va dériver jusqu’à la plage,
qui se trouve environ à 200 mètres …
Mais ça, je ne peux pas en être totalement sûre …
Et surtout, je ne vois plus rien !
Sur la plage, il y a un camp de pêche, où logiquement,
il devrait pouvoir se faire héberger ?
Mais comment être certaine de tout ça ?

Grains, orages, éclairs, vent ! La nuit va être longue,
je ne peux RIEN faire jusqu’au lendemain !
Il y a un voilier à l’ancre à côté de nous, mais les gens dorment,
et de toute façon ne m’entendraient pas crier…
J’ai somnolé de temps à autre, en regardant l’heure souvent,
en montant sur le pont mais inutilement !

Au petit matin, 5h45, le jour à peine levé, j’ai pris les jumelles :
l’annexe était bien rangée sur la plage,
devant le camp de pêche,
ce qui m’a un peu soulagée …

Vers 6h30, toujours à la jumelle j’ai pu voir que 2 personnes
s’activaient près de l’annexe,
dont une était vraisemblablement Jany !
Ouf !  Il a repris sa pagaie,
et fait de nouveau le voyage retour vers Filopré…

Quand il s’est approché, j’ai vu qu’il avait une grosse écorchure au front, …
Quand la nuit précédente, il a pu remonter sur l’annexe,
il est tombé le front sur le moteur  …
Il  s’est bien fait héberger dans la salle de resto du camp,
couverture prêtée, a dormi à l’abri !

Normalement c’est notre dernier jour aux Mitsio,
demain nous rentrons sur Nosy Komba.

Donc mercredi journée de repos !

En soirée, le voilier au mouillage à côté de nous la veille
revient dans la baie,
et les deux garçons à son bord, nous invitent à l’apéro ;
avec l’annexe « à rames », nous hésitons,
finalement, nous les invitons à venir sur Filopré .
Ce sont deux jeunes de l’Hérault
qui ont loué ce voilier pour la semaine.
La soirée fort arrosée (de rhum)
se termine fort tard,
plat de spaghetti pour quatre,
le garde manger, le frigo sont vides, vides, vides,
heureusement que nous rentrons demain :
plus de gas-oil dans les bidons, plus d’eau dans le réservoir
(Heureusement, nous avons encore récupéré de l’eau de pluie),
plus d’essence pour l’annexe,
plus de vin, plus de whisky, fin du rhum
(ils en ont apporté de leur voilier),
enfin la dèche, quoi !

Il est vrai que nous n’avions pas prévu
cette dernière halte si longue !
Ils se proposent de faire le trajet jusqu’à Nosy Komba
en même temps que nous,
tout en se faisant une partie de pêche,
nous les invitons pour le lendemain soir à diner à la maison.

Jeudi 30 janvier

Les deux ancres de Filopré sont relevées sans trop de difficulté,
le moteur ronronne régulièrement (!) on peut y aller …
Sortie de la baie avant de hisser la voile,
petit vent et petite houle,
rien en comparaison des jours précédents ;
nos acolytes ont une heure d’avance sur nous,
mais musardent puisqu’ils sont en train de pêcher !

Vent assez soutenu ensuite,
pendant une dizaine de miles …
Puis,  « pouf ! », le moteur tousse et cale !!! Damned !

Plus un souffle de vent, nous sommes complètement « encalminés » !
C’est pas possible ! On est maudits ???!!!
Est-ce une panne tout simplement de carburant ?
Ou autre ???
De toute façon, plus de réserves dans les bidons …

Plus un souffle d’air ! Jany se résout à appeler
nos acolytes, à la VHF, Ils ne sont pas très loin,
leur demande s’ils veulent bien nous remorquer
à l’aide d’une amarre, sinon nous risquons d’y passer la nuit !

Allez, la « SNSM » comme disent les deux compères,
arrive à notre secours !
Jany lance une amarre qu’ils fixent à  l’arrière de leur voilier…
Et roule Albert !

Du moins, jusqu’à ce que le vent se relève.
Là pas question de continuer le remorquage,
 Jany reprend l’amarre,
déroule le génois, le vent se lève, se lève, se lève !
Nous sommes sous des nuages bas, on sent que ça monte …

Je stresse, comme toujours ! 
«  Décontracte-toi » qu’il me dit !
Mais non… cela fait 10 ans que je n’y arrive pas !

Finalement, nous arrivons à quelques miles de Nosy Komba,
là, nous sommes carrément déventés par les collines
alentour de Lokobé,
presque plus un souffle d’air, et lorsque le vent daigne
se relever un peu,
il n’est pas suffisant pour nous permettre de contourner
l’îlot en face de la maison !

Mais la « SNSM » veille, et arrive rapidement à nos côtés :
amarre de nouveau lancée,
c’est remorqués par leur voilier que
nous allons arriver jusqu’à notre corps-mort,

et que, de manière sportive et musclée,
à la deuxième tentative,
le capitaine arrivera à attraper les amarres,
que Justin notre gardien, prévenu par téléphone,
est venu nous aider à saisir
à bord du canot à rames !
 
L’épaule cabossée de Jany s’en rappelle encore aujourd’hui !
Nous passons une bonne soirée

avec Fred et Yannick, les deux compères, 

          qui ont apporté 6 langoustes fraiches pêchées,
dont nous allons nous régaler, grillées au barbecue !

La soirée ayant été très « arhumatisée »
ils dormiront finalement dans le bungalow
pour éviter de ramer jusqu’à leur bord… !

C’est ainsi que s’achève ces 3 semaines d’équipée nautique,
dont les derniers jours n’auront pas été de tout repos !
      


  





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