Jeudi
15 janvier
Changeons de baie, ici pas de village
achalandé pour trouver
la moindre bouteille d’eau
minérale !
Nous ne buvons plus l’eau des réservoirs,
car depuis 12 ans que
Filopré voyage,
l’eau dont nous les remplissons ne peut plus
être conservée
dans de bonnes conditions ;
elle ne sert que pour les douches, et la
vaisselle ; nous avons essayé
l’autre jour
de la faire bouillir pour le thé, mais le
résultat n’a pas été probant,
elle a un goût désagréable.
Heureusement(?) c’est la saison de
pluies, et comme nous sommes équipés
en « seau » eh bien, nous
avons réussi à remplir 10 bouteilles d’eau
de pluie de 1litre et demi,
qui nous servent pour le thé, le café, et
pour nous frotter les ratiches ;
c’est cool l’eau de pluie ! C’est
écolo aussi !
Bon, ce n’est pas nouveau pour nous !
Cela fait longtemps que nous pratiquons
ce mode de récup sur le voilier !
Comme la plupart des voileux,
d’ailleurs !
Sur le rivage de cette jolie baie de
Miroana,
une végétation luxuriante,
une douce colline sur laquelle Jany se
voit déjà bâtir une autre maison,
et y planter des cyprès, comme sur les
collines toscanes (!),
alors que tout près quelques baobabs
majestueux,
ont réussi à extraire leurs branches
de la végétation, et s’étirent de tout
leur long ;
ces arbres sont extraordinaires de puissance,
de majesté, de beauté,
et lorsqu’on est à leur pied,
il sied
de rester modeste, tellement ils en imposent !
Malheureusement les photos ne rendent pas
bien,
car leurs racines et le tronc sont au
cœur de la végétation,
aucun recul pour leur tirer le
portrait !
Vendredi 16
Il y a environ 16 miles, jusqu’à la baie Ambinantsandra
dite plus simplement Port Liverpool.
Entre les 2 baies, une zone surnommée « les
Dentelles »,
zone rocheuse de hauts fonds très
nombreux, et qui à mon avis,
Il faut y aller molo, pour passer une
sorte de chenal
entre tous ces dangers ;
heureusement, pas de gros vent, mer assez
plate, jusqu’à une zone
où les déferlantes qui s’écrasent sur les
hauts fonds
le long de la côte font à elle seules le
spectacle,
rouleaux impressionnants,
fracas des vagues, embruns, les surfeurs,
s’il y en avait, se régaleraient !
Nous suivons cette zone pendant environ 3
miles,
puis pénétrons dans la baie par la passe
d’entrée,
pas trop compliqué par ce temps calme,
on voit quand même des rochers sur
lesquels on aimerait pas du tout se planter,
puis nous entrons dans la baie.
Relâchement, décontraction, peut-être
trop !
On sait bien qu’il y a également des
hauts fonds dans cette baie,
mais… Jany me passe la barre,
me dit vers où me diriger,
le logiciel « Navionics » ouvert
sur le téléphone,
discute, et tout à coup…
Bruit de frottement ! Avant de
réaliser qu’il y a …
90 cm d’eau sous la quille !
Merde ! Plantés !
C’est le début de la marée descendante,
on a tout faux
si on n’arrive pas à se dégager vite!
Vite, point mort, puis marche avant très
doucement,
on essaie de bouger Filopré … ça racle !
Jany descend l’annexe vite fait,
et va voir si on peut se dégager par un endroit
ou autre plus profond …
Allez on essaie, vers où il a cru voir,
il reprend la barre,
je vais à l’avant du bateau, pour essayer
de le guider
vers des zones plus profondes,
ça racle encore sur le corail, petit à
petit, on arrive à s’en sortir …
OUF ! Ca y est !
L’espace de quelques secondes, et on fait
des c…
(Ca m’a rappelé Cuba, avec GG dans les « Jardins
de la Reine »,
où ces c… de douaniers voulaient
qu’on accoste à un quai, avec le bateau
alors qu’il n’y avait pas assez de
profondeur
d’eau pour Filopré !
On a quand-même été obligés de le faire…
Ils détenaient Jany en otage ! S’il
voulait rembarquer,
il n’y avait que ce moyen !
Heureusement, c’était du sable !
Là aussi, c’était un petit 90cm de
profondeur !)
Nous avons mouillé au fond de la baie,
à une profondeur convenable.
Après déjeuner, petite virée en annexe,
Et c’est là que nous plantons l’annexe…
Marée basse, coraux, ce n’est décidément
pas le jour…
Mais bon, c’est quand même plus facile de
s’en sortir,
avec l’annexe qu’avec le voilier !
Samedi
17
Toutes ces baies sont très peu peuplées,
et les villages très dispersés.
En plus, on n’a pas toujours la
possibilité de mouiller
à proximité, vu les nombreux hauts fonds :
il n’est donc pas toujours simple de
rencontrer
des locaux, dans cette zone.
Nous prenons l’annexe pour essayer
d’avoir quelques
renseignements, dans un minuscule hameau
de 3 « maisons »,
où vit une seule famille,
entourée de canards, de poulets, et de
quelques enfants…
Nous essayons de savoir, si pas loin
d’ici passe un taxi-brousse
pour retourner à Diego.
Mais ici, compte tenu des pistes trop
gorgées d’eau
à cette saison, il n’y en a pas…
Nous ne retournerons pas à Diego, du
moins pas depuis cette baie ;
nous essayons de négocier un poulet,
auprès de cette famille très gentille,
mais qui veut nous le vendre 4 fois le
prix !
Nous renonçons, et mangerons des pâtes,
puisque c’est ça !!!
Pas un seul pêcheur dans sa pirogue dans
le coin !
Privés de poisson !
Après déjeuner, nous commençons à penser
au retour
vers la civilisation,
nous retournons mouiller près de l’entrée
de Port Liverpool,
en vue de ressortir lundi matin de très
bonne heure,
à l’heure de l’étal de marée basse.
En effet, si nous nous retrouvons dans la
passe pour sortir,
au moment où la marée se met à monter,
les courants sont inverses
à notre direction, et c’est beaucoup
compliqué
de sortir avec un fort courant en face.
Juste avant d’atteindre le mouillage près
de l’entrée,
le moteur de Filopré nous fait un petit
bruit,
style le bruit que l’on n’aime pas
entendre ???
Puis repart normalement.
On mouille dans un endroit charmant, en
bruit de fond,
les rouleaux qui s’écrasent sur les hauts fonds,
malgré cela nous passerons une nuit fort
calme.
Dimanche
18
5 heures sonnantes, tout le monde sur le
pont !
C’est l’étal marée basse,
et l’heure de sortir par la passe.
Nous avons la trace d’entrée sur le
logiciel de navigation,
et ça aide bien.
C’est juste le lever du jour, et il y a
beaucoup plus de vent
qu’à l’aller, le ciel est couvert de
nuages,
c’est beaucoup moins sympathique
qu’il y a deux jours, mais tout se passe
bien,
et nous faisons chemin inverse,
sans problème sur quelques milles,
jusqu’à ce que le moteur de Filopré, …
Pousse un sifflement, et cale !
Allez, il y a quelques temps il avait été
réparé,
mais ca recommence !!!
Bien sûr, nous sommes toutes voiles dehors,
grand voile et génois,
pas de problème pour avancer, mais
quand-même !
Toujours préférable d’avoir le moteur en
appui, si nécessaire !
Allons-y pour plusieurs heures de voile,
jusqu’à la baie Ambararata,
(Celle d’où nous étions allés à
Diego !) Mer chacaillée,
mais nous arrivons vers 16h30 dans cette
baie.
Vu la direction du vent, cette fois ci,
elle n’est pas du tout abritée,
et nous allons être secoués par les vagues,
ce qui n’est pas très confort
pour Jany qui va essayer de remettre le
moteur en route.
Le gas-oil n’arrive pas, et il est obligé
d’aspirer
un peu de ce liquide,
très agréable, pour le faire venir !
Je passe les détails techniques,
le moteur accepte de redémarrer !
Demain sera un autre jour, au cours
duquel equel
nous devrons repasser le Cap San
Sebastien,
et je sens bien, vu les éléments météo
ambiants,
que ça ne va pas être une partie de
plaisir, du moins pour moi !
Allez, à chaque jour suffit sa
peine !
Lundi
19
Après une nuit pendant laquelle nous avons
été secoués au mouillage,
nous démarrons sur le coup de 8h30 ;
la mer est formée et heureusement que le
moteur tourne,
car il aurait été très difficile de
sortir de la baie sans son aide…
2 ris dans la grand voile et génois déployé,
nous avançons dans une mer chacaillée,
(Toute cette zone l’est), pas mal de vent,
jusqu’à ce que dans un dernier soupir,
le moteur décide de caler de
nouveau !
Allez c’est parti pour faire de nouveau
de la « voile »
dans un contexte qui me stresse énormément !
Les hauts fonds, le vent, pas de pilote
automatique…
Une dizaine d’heures pour passer le Cap !
Finalement vers 18h30,
nous trouvons un mouillage incroyablement
calme derrière le Cap ,
une grande plage, nous sommes bien
abrités
de la houle derrière une île-colline.
Seuls dans ce mouillage, comme toujours
depuis notre départ …
Ce n’est pas la meilleure saison ;
mais quelle nuit calme !
De plus, les étoiles se montrent à
nouveau,
c’est magnifique la voie lactée,
quand aucune pollution lumineuse ne
perturbe !
Peut-on espérer demain une bonne nave
jusqu’aux Mitsio ?
Mardi
21
Nous avons un peu plus de 30 Miles de
route
pour arriver aux Mitsio.
8H30 départ, sous voile bien sûr,
cette fois ci Jany n’a pas ouvert le
ventre
de Mr Yanmar, 2 ris dans la voile.
Mer formée mais moins chacaillée qu’hier;
aujourd’hui aucun cap à passer, tout ceci
est derrière nous.
Nous passons devant Nosy Lava, ‘’ L ile
de l’eau ‘’,
mais ne nous y arrêtons pas,
conditions peu favorables pour mouillage.
Nous avançons, devant nous l’îlot
impressionnant,
en forme de dôme, aplati à son sommet,
dans l’entrée de la baie de Grande
Mitsio.
Un moment de doute, concernant la baie de
Grande Mitsio,
qui « secure » à 99% du temps,
pourrait aujourd’hui,
vu la direction du vent et des vagues, ne
pas être bien protégée…
Ilôt à l'entrée de la baie de Grande Mitsio |
Jany espère que nous trouverons un
endroit plus abrité dans un de ses ‘’coins’’,
et puis trop tard,
nous y sommes, et non, il n’y a pas de
‘’coin’’ plus abrité !
Vite face au vent, descendre l’ancre,
pour la planter
et commencer la danse de Saint Guy !
Le vent est fort, les vagues également,
et au lieu d’être tournés
vers le fond de la baie, nous sommes face
au large…
Pas bien, pas bien !
Jany d un coup d’annexe va jusqu’à la
plage,
pour rencontrer Achraf, (pas sûre de l’orthographe?)
le malgache qu’il connait et qui régale
les touristes en leur préparant
des cabris en sauce ou grillés,
sous une petite paillotte face à la mer :
il lui confirme que demain midi,
il pourra nous en préparer un,
mais l’aventure commence au moment
où l’on monte dans l’annexe,
car vu les déferlantes, l’annexe bondit
dans les vagues,
et rien que pour aller jusqu’à la plage,
c’est un véritable rodéo !
On espère un temps un peu plus calme
demain ???
quelle merveilleuse vie bisous christine ainse qu a jany
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