jeudi 16 avril 2020

CHAPITRE 1



PESTITA à PORT PHAETON










 Ce matin, à Port-Phaeton, sur l’île de Tahiti, c’est l’heure de lever l’ancre,

tout est prêt : annexe suspendue au portique,

moteur sur son support. Le moteur de Filopré, lui, chauffe …


Moi, j’ai décidé de faire la sieste,

 et je suis depuis un grand moment, confortablement installée

en hauteur, sur la bôme, dans  la grand-voile repliée dans son sac (le lazy-bag), 

là où personne ne pense à moi…

J’entends vaguement qu’en bas, c’est le branle-bas de combat … 

« Pestita est introuvable ! » On fouille tout le bateau, on secoue les croquettes…

Rien, pas de chat !

Moi, je suis si moelleusement installée que je n’ai aucune envie de bouger,

ni de donner signe de vie…

Papatounet, qui est resté sur le pont, à tout préparer, s’écrie :

« si Pestita était tombée à l’eau, je l’aurais vue, ou au moins entendue,

car dans ces cas-là, elle donne de la voix… » Or il n’a rien vu, ni entendu. Et pour cause !

Mais bon, moi, je m’étire, je baille, je fais la sourde oreille, et je me rendors sur les deux …

Alors qu’en bas,  affolement ! Papatounet remet, un peu paniqué

le dinghy à l’eau avec son moteur, mais tout cela lui prend du temps ;

 «  si Pestita est tombée à l’eau, il y a peu de chance de la revoir avec ce courant,

à moins qu’elle ait nagé jusqu’à ce petit îlot tout proche… ?!

Je vais aller voir de ce côté-là ! »

Pendant plus d’une heure, avec Mamantounette,  jumelles sur les yeux,

ils tournent dans la baie, débarquent près de la route qui n’est pas très éloignée,

marchent sur la rive en m’appelant, en me cherchant …Rien !


Et moi, si bien installée dans la voile,

avec le soleil qui chauffe doucement mon dos …

Je suis totalement imperméable à leurs appels …

Papatounet ramène à bord Mamantounette, et toujours à bord du dinghy,

se dirige jusqu’à une ferme à poissons, toute proche examiner les lieux.

(On sait que les chats aiment manger du poisson,

mais qui sait si les poissons aiment manger du chat ?..)

Il examine les abords, 

pendant que Mamantounette secoue désespérément

le sac de croquettes pour tenter de m’amadouer !

Mais il n’est que 9 heures du matin, j’ai l’estomac bien rempli…

Comment peut-elle penser, 

que je vais me laisser prendre à cette ruse grossière ?
Je me fais encore plus petite !


Papatounet revient, je sens bien qu’il est découragé …

Il va remonter le dinghy à bord, 

le cœur serré de penser que Pestita est perdue,

corps et bien … Mais que peut-il faire d’autre ?

Bon allez … Assez joué !

Je me décide, car tout cela risque de tourner au vinaigre,

quand ils vont découvrir que je fais la sourde oreille…

Tombant du ciel, oui, presque du ciel, ils me voient débouler sur le pont !

« -  Saleté de boule de poils !!! »

Je saute prestement du lazy-bag, 

(Mamantounette l’avait pourtant secoué,

mais ne pouvait pas me voir à l’intérieur !)

«  - Allez », miaule-je, 

« la sieste est finie ! Qu’est-ce qu’on attend pour partir… ? »








Ils sont si soulagés de me retrouver, qu’ils en oublient de me faire la morale …


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